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Mission Tanakita Burma Dec/Jan 2019/2020

Retour à Myeik et mission en 4 temps

– Myeik

Après avoir tenté, en vain, de renouer avec les enfants de Père Bruno, j’ai décidé aidée par Phyu Phyu, (infirmière de l’hôpital de Myeik, que je connais depuis 2006), de donner quelques soins, formations et vêtements aux enfants des quartiers les plus misérables de Myeik.

Petit rappel : de 2006 à 2014, j’ai travaillé à l’hôpital mère et enfants de Myeik ainsi que ds les dispensaires des îles Andaman Birmanes (escortées par les militaires en armes).

Lors de mon temps libre la 1ere année je suis allée à la recherche d’enfants orphelins et/ou défavorisés.

Les infirmières et médecins de l’hôpital m’ont présenté Père Bruno qui recueillait depuis environ 10 ans les enfants victimes des conflits inter ethniques et des guerres entre les Karen et les Birmans.

J’ai proposé au Père de les aider en m’occupant des suivis médicaux des enfants, des formations à l’hygiène et la sécurité, obtenant des accords avec les hôpitaux et médecins environnants et en 2013/14 construisant une salle d’eau (maison (murs et toit) isolée des intempéries avec un grand réservoir d’eau filtrée et robinets pour que les enfants de Mazaw en territoire Karen puisse se laver alors qu’ils devaient se rendre ds la foret ds des mares et avaient des maladies de peau et digestives, parasitoses et autres).

Je me rendais ds ces territoires cachée au fond d’une voiture aux vitres noires, passant les checks point en espérant ne pas être découverte.

En 2014 les médecins et Père Bruno ont reçu des menaces d’une autre association disant que si ils continuaient à accepter mon aide et ma présence ils leur coupaient les vivres; cette association de chirurgie orthopédique leur donnant plusieurs dizaine de milliers d’euros par an pour des constructions voire réfection de l’église, du clocher…(en dehors des opérations et formations de chir ortho).

j’ai donc été diabolisée, évincée sans plus d’explication.

6 ans plus tard je pensais que, le régime s’étant assoupli, le temps étant passé et, Père Bruno m’ayant dit lors de son hospitalisation à Rangoon que j’étais toujours bienvenue et, naïvement n’objectant aucune concurrence entre les suivis de médecine générale et la chir ortho, je pensais donc pouvoir relancer ces suivis et les contacts chaleureux voire affectueux avec les enfants que j’avais suivis pendant 8 ans…

Je me suis trompée et c’est bien dommage mais l’argent et l’ego a eu raison de l’humain, de l’amour et de la confiance…même dans ce domaine appelé “HUMANITAIRE”.

J’avais donc travaillé avec plusieurs infirmeries et les liens d’amitié ont largement survécu à la peur, la médisance et la jalousie.

Après avoir retrouvé Khin Myo Thet et Khine  à Rangoon, puis Phyu Phyu à Myeik, après avoir retrouvé ma guest house, mes amis du marché, du lac, du monastère et donné les soins nécessaires, j’arpente en rikshaw les quartiers les plus démunis, photos à l’appui et retrouve Zayarthiri quarter 3, et même Daw Ngwe Khin, une dame de ce quartier avec qui j’avais lié des liens très forts (retrouvailles émouvantes); 2 jours de suite nous nous installons au milieu des détritus entourées de manière un peu étouffante par les enfants et quelques adultes, à distribuer des vêtements, donner des soins et expliquer les gestes de 1ere urgence (dessin et traduction anglais/birman à l’appui).

Beaucoup d’intérêt, de questions, de demandes…et de difficultés à m’extraire à tant de misère, sachant bien sûr que ce n’est pas ainsi que je vais changer leur vie….

Au Monastère je m’occupe de la nonne principale pour son entorse de la cheville et des petites “nonnettes”, dont l’une souriante et discrète paraissant 10 ans max, en a en fait 14 et est atteinte de sida (mère décédée du sida) et tuberculose; je fais le point sur son trt (bacavir, lamivudine et cotrimazole), aidée à distance par quelques amis médecins de Marseille sur les anti viraux et antibio que l’hôpital lui donne.

Ses contrôles ont lieu 2 fois par ans, et je ne peux que rajouter des vitamines, conseils en mode de vie et alimentation et surtout lui dire de continuer les trt et suivis…

Je retrouve aussi Mister John, 92 ans, Birman toujours aussi vaillant et souriant qui donne des cours d’anglais aux étudiants et s’étonne de mes années d’absence.

Je parts et espère revenir; dorénavant je dormirai au Monastère avec les nonnes…mais reviendrai je…?

– Panpet/Rwan Ku

U Zin Uobhasa, moine et ami de Panpet avec qui nous avons monté le projet, vient me chercher à l’aéroport de Heho avec 2 profs et une étudiante.

6h plus tard nous arrivons à Panpet Hitadhara charity school, au Monastère de Rwan Ku, et je retrouve notre dispensaire très bien entretenu et les 87 enfants.

Les travaux ont déjà commencé, tout d’abord construire une nouvelle salle à manger avec cuisine attenante, habitation pour les cookers, et bibliothèque salle de lecture et de travail pour les enfants, afin de libérer l’espace réfectoire actuel où nous allons faire le dortoir pour filles avec 5 douches, vraies douches, et wc. 

Uobhasa fait les plans que j’approuve, je rectifie pour les douches que je veux vraies douches et non réservoir avec seau d’eau, à l’abri de 4 murs…

Donation faite 2500€.

Ce nouveau bâtiment sera entre le dispensaire et l’école (toujours au sein même de Hitadhara charity school dans le monastère) et dès le petit matin je suis réveillée par les travaux accomplis par hommes et femmes adorables, souriants et heureux d’être là où ils sont et de faire ce qu’ils font….

Après avoir fait le tour des terrains du Monastère, cultivables en saison humide (mai//aout), nous allons Uobhasa quelques étudiants et moi, accompagnés d’une villageoise, à la recherche de terrain que nous pourrions cultiver, louer aux villageois ou acheter, mais à condition de mettre en place une irrigation (construire des containers…)

A 30mn de marche la villageoise nous montre les siens, et Uobhasa cueille des fruits très acides amers astringents, ressemblant au amla indien, qu’ils adorent crus…ou cuits.

Puis elle nous sert un thé chez elle ds le village où nous discutons des conditions.

Je crois vraiment que, au court de mes voyages et pérégrinations autour du monde, mon immunité et mon système digestif s’est renforcé car en voyant l’eau servie, les tasses et torchons avec lesquels elle les essuient après les avoir rincé ds une eau croupie…je craignais le pire…qui n’est pas arrivé…pas encore…:).

Au monastère nous avons papayes, oignons, piments, avocatiers, tomates , courges et quelques autres légumes

Un matin nous partons au marché de Demoso, 30 mn de route pour acheter des bonbons, pastèque et ballons pour les enfants, puis au retour nous arrêtons chez U Bama et Bama, adorables cultivateurs, qui ont des champs entiers de pomme de terre, pastèques, haricots verts, aubergines, tomates, oignons….

Ma nouvelle grande amie Bama, m’offre de merveilleuses papayes et sa sœur des aubergines, et nous partons avec des sacs de fruits et légumes pour les enfants, non sans avoir dégusté les merveilleuses mures dont je vous parlais ds mon mailing.

Tous les jours je passe l’après midi au dispensaire pour les soins et médical check pour les enfants, qui sont globalement en tres bonne santé et heureux; les problèmes dentaires sont adressé à l’hôpital de Loikaw.

En territoire Chan nous avons les champs d’orangers et les immenses avocatiers qui nous donnent des fruits d’une douceur incomparable, attrapés ds la toge monastique de Uobhasa sous les regards et rires des villageois et de nous mêmes, et les yeux ridés de la vieille dame au long cou sans collier et au stries marquées autour de sa bouche et sur ses pommettes ridées.

Puis dans la fraicheur d’un petit matin il faut partir car le “full moon festival” a commencé à PhayarTaung ; 9 janvier c’est le jour des donations; nombreux sont les villageois et cultivateurs qui veulent donner des sacs de riz, de fruits de légumes ou ne serait ce qu’une poignée de mandarines ou même une brosse à dent, un tube de dentifrice…ou un petit billet tout froissé.

Nous prenons donc la camionnette, nous nous serrons ds la cabine et, sur le plateau arrière, parmi les sacs et paniers sont entassés 18 villageois ds leur plus beaux vêtements, dont U Bama; Bama ne peut pas venir et les yeux humides elle me remet quelques papayes choisies avec amour et après avoir fait venir sa nièce de la même taille et même gabarit que moi, promet de me coudre une tenue Chan traditionnelle pour l’année prochaine; elle me demande mes couleurs préférées. nous partons…

– PhayarTaung

Je pensais arriver dans le calme et la douceur de ce lieu en bord de Lac et ai trouvé agitation, couleurs, musiques et clameurs d’un lieu festif et plein de joie.

Beaucoup d’enfants sont en vacances dans leur famille, mais les 75 orphelins sont là ainsi que les etudiants de grade 10 qui suivent des cours d’anglais et de Japonais.

Retrouvailles toujours aussi chaleureuses avec Phomphomgyi, puis U Zin Lei et les enfants, nous mettons au point le programme; 

Aller sur la plantation, determiner le lieu de construction de la farmer house, en faire le plan et determiner le coût.

Medical check pour les enfants.

Evaluation et formation des jeunes filles s’occupant du dispensaire.

Ce premier jour je me retrouve enrôlée par les villageoise pour distribuer les donations de riz aux moines circulant comme en une véritable Kora, autour de la grande pagode; 

Ils sont amusés, gênés pour d’autres, intrigués pour la plupart de recevoir dans leur auge de métal ou de bois, les tasses de riz que je verse des heures durant avec dévotion; ils ne doivent lever leurs yeux, mais regarder 1m devant leurs pieds nus, comme le veut le Bouddhisme, mais quelques regards volés et croisés en disent long sur leur pensées.

Je demande à PhomGyi de bien vouloir me trouver un lieu à l’écart de la pagode afin d’espérer quelques heures de repos si ce n’est de sommeil pendant cette semaine de festivités; 

Il envoie alors 2 jeunes filles me préparer une chambre ds la maison de méditation face au lac à quelques centaines de mètres de la pagode, sous les arbres ds la campagne; 

Les sons seront un peu plus lointains; j’y suis entourée de vieux moines méditants, qui, parfois, seront un peu interloqués voire troublés ds leurs méditations, devant ma lingerie suspendue à une cordelette sur mon balcon; je m’y promène pas toujours totalement couverte puisque c’est là que se trouve mon lavabo et le seau d’eau avec lequel je me doucherai…j’en suis plus amusée que gênée et je suis sûre (quoique…) que eux aussi…

Jours après jours je m’occupe des orphelins, gais, rieurs et joueurs, nous entamons des parties de volley, de ballon prisonnier et de marionnette, de dessins et beaucoup de câlins.

Les medical check ont lieu; je ne détecte plus aucun cas de gale, ni maladie autres que quelques infections cutanées et mycoses communes.

Le niveau des jeunes “1st aid girls” est très limites quand je les vois se servir plusieurs fois de gants jetables, utiliser des vieux tubes de crèmes ouverts certainement depuis plusieurs mois, s’affoler devant un vieux monsieur qui fait un malaise dans les tribunes ensoleillées des match de volley, après avoir certainement abusé de quelques boissons alcoolisées, ne sachant pas prendre sa tension ni sa glycémie, ni le mettre sous O2.

Puis un enfant s’étant blessé au pied nécessitant un simple pansement….

Les formations sont plus que nécessaires et j’appelle Hni Hni Oo de Pekon, afin de lui commander des médicaments traditionnels des crèmes antibiotiques et des désinfectants et gants, qui arriveront par pirogue 2j plus tard.

Avec U Zin Lei, nous allons à la plantation; les champs sont immenses, l’irrigation fonctionne bien mais la foreuses doit être réparée, le puits encore creusé…Les plantations très variées; lui et PhomGyi me disent être réellement heureux de notre action car depuis ils n’ont quasi plus besoin d’acheter des fruits ou légumes.

La carcasse de la maison est là, très bien placée prés du puits; il faut faire toiture, murs, sols, escaliers et toilettes.

Ils sont heureux aussi de la vue sur les champs, le soleil couchant et, au loin, le lac.

Avec un charpentier et quelques dessins de PhomGyi, la comptabilité de Htan Zin Oo, ils estiment le prix à 5000€; je donne notre accord, disant que je donne tout ce qu’il me reste et finirai de payer l’année prochaine; PhomGyi me dit que si c’est trop il en paiera une partie; je lui confirme que nous avons de quoi tout payer, mais ayant deja payé le dortoir de Panpet, il ne me reste que 2500€ que je lui remet en donation de Tanakita.

Puis Uobhasa m’appelle car le grand moine Pyit Taing Htaung, rencontré il y a 2 ans lors de l’inauguration du dispensaire, venu avec une equipe medicale Birmane pour m’aider, veut m’inviter ds son dispensaire et me presenter à Dr Lynn, medecin Birmane, travaillant mi en Birmanie mi à Singapour, et utilisant plantes et medecine traditionnelle birmane.

– Pin Wa

Nous reprenons donc la route un matin à 5h, pour 12h de routes sinueuses et chemins caillouteux, pour arriver ds le tout petit village de terre et bois Pin Wa, à 2h de route de Bagan;

Après avoir parcouru des chemins de terre et de sable ds des paysage de cultures de riz, d’oignons puis, très arides de forages de pétrole (exploités par les Chinois et envoyés exclusivement en Chine…)…étonnant lieu insoupçonnable, étrange et un peu fantomatique, entre 2 rivières et abritant quelques merveilles de temples anciens envahis par la nature et les serpents; 

on n’arrive pas à Pin Wa par hasard…

Là, un monastère et quelques maisons de bois, sur pilotis.

L’électricité est rare, uniquement par batterie/compresseur, pas d’eau courante, évidemment ni boutique ni bar ni resto…mais ça vous l’aviez deviné…ou pas….

Nous logeons ds la pagode, et PhomGyi Pyit Taing me met ds un cellule miteuse, sale et bruyante, mais c’est un honneur car je suis seule, alors que les autres dorment tous ensemble ds une pièce du monastère.

Quelques fils électriques reliés entre eux permettent à une ampoule jaunie et disparaissant entre la crasse et les toiles d’araignées, de libérer un peu de luminosité; mais j’ose à peine toucher le semblant d’interrupteur et les fils; je préfère m’éclairer à la frontale.

Je ne passe bien heureusement que mes courtes nuits dans ma cellule, mais le sommeil n’est pas de la partie; outre une petite télé mise à la disposition des villageois ds la pagode, c’est la saison des novices, ces jeunes enfants qui vont passer 3j à 3 mois dans les monastères…grande célébration au cours de laquelle jours et nuits d’immenses haut parleurs dispensent musiques et mantras bouddhistes afin que tous les villages environnants soient au courant et puissent en profiter.

Je passe mes nuits à rechercher un coin moins bruyant, en tirant derrière moi une couverture et un oreiller et me glissant entre 2 dorures de pagodes et quelque Bouddha et autres déités que j’aurais espérés plus protecteurs; 

Je finis ma course en poussant la porte de la pièce commune aux moines, aux 2 prof et à l’étudiante qui m’accompagnent désormais, piece fermée entre les 4 murs de laquelle  les bruits sont un peu atténués; je me recroqueville au sol ds un coin…

Nous parcourons le village, une petite école, quelques cultures d’oignons, des chars à bœufs et des maison en bambou tressés avec beaucoup de goût.

Pas de dispensaire à moins d’1h de route, mais de merveilleux temples oubliés ou cachés de Bagan…envahis de serpents que nous dérangeons bien involontairement.

Pour avoir de l’eau “potable” les femmes vont à la rivière et creusent un trou dans lequel l’eau est filtrée par le sable, puis recueillie par les femmes ds des seaux avant d’être remontée au village.

Selon le moine peu de malades dans le village, mais je n’ai pas le temps de m’installer pour m’en occuper, Dr Lynn m’attend à Magwaye.

1h de route, nous la recèperons, puis partons tous ensemble vers un temple et des baraquements de bambou afin pouvoir échanger sur la médecine traditionnelle Birmane, les plantes et le rapprochement avec la médecine ayurvédique.

Dr Lynn prévoit d’écrire un livre sur les plantes de Birmanie, intérêt et utilisation, en anglais, puisque actuellement aucun n’est traduit (je recherche depuis des années…).

Par ailleurs si nous parvenons à nous organiser elle pourra venir m’aider dans les dispensaires afin non seulement de former les étudiants “nurse and first aid” qui s’en occupent, mais aussi moi même pour mieux utiliser la médecine traditionnelle, que les étudiants connaissent peu et qui est trop souvent relaissée au profit de la chimie pas toujours indiquée ni obligatoire.

Nous discutons, comparons nos méthodes de travail, nous baignons ds la rivière avec Moines, étudiants, familles…

Des femmes passent avec de grandes bassines sur la tête; Dr Lynn arrête chacune d’elles pour acheter quelque peau de porc grillée, lait gélatineux et sirop rose, chips de crevettes…je decline poliment.

Retour au Monastère de Pin Wa, pour une dernière nuit après avoir soigné quelques lombalgies et éruptions cutanées allergiques de villageois, et avoir proposé au PhomGyi Pyit Taing de former les villageois à ne pas jeter leurs emballages plastic et autres ordures sur les berges de la rivière, mais à creuser, enfouir, bruler et faire du compost avec ce qui le permet…il me promet d’en parler avec le maire du village.

Ainsi s’achève la mission 2020, qui ne laissait présager des difficultés à mettre en place la mission suivante, qui aurait pu avoir fin 2020, mais du fait du covid, aura lieu, je l’espère, courant 2021, quand non seulement le covid sera éradiqué mais surtout les visa et vols vers la Birmanie auront repris.

Entre temps nous communiquons par mail et messenger, afin d’avoir des nouvelles et de mettre au point les projets suivants.